Dans le cadre d’un partenariat mené avec l’ESAT (1) de Téteghem, établissement de l’association des Papillons blancs, le Syndicat de l’Eau du Dunkerquois est la première collectivité de France à avoir fait traduire son site Internet en langage FALC. Traduction : Facile à Lire et à Comprendre.
Un site traduit en langage FALC ? Après Nautilus, la « petite balle » capable d’aller inspecter l’intérieur des canalisations d’eau potable, voilà une autre première nationale pour le Dunkerquois. Objectif : lutter contre l’« illectronisme » (contraction d’illettrisme et d’électronique, ndlr), autrement dit la difficulté, voire l’incapacité, que peut rencontrer une personne à utiliser les outils numériques et informatiques en raison de son handicap mental, de son âge (personnes âgées), de la non-maîtrise de la langue, etc.
Apparue en 2009 en Europe, la méthode FALC, qui favorise l’inclusion, permet de rendre accessibles toutes les informations d’un site, via une version simplifiée de son contenu. Exactement comme vient de le faire l’ESAT de Téteghem, qui a créé le premier atelier français d’adaptation de documents en FALC, à la demande du Syndicat de l’Eau du Dunkerquois. « L’ eau, en effet, est proche de nous, mais en même temps très éloignée. Par exemple, tout le monde ne sait pas comment elle arrive jusqu’à notre robinet, comment elle est traitée, etc. », résume Émilie Beele, monitrice de l’atelier FALC à l’ESAT de Téteghem, qui a mené ce projet pilote pour les Papillons blancs.
La méthode de travail
À Téteghem, cet atelier est composé de travailleurs handicapés expérimentés dans la simplification de documents, dans des domaines aussi divers que la santé, le travail, le logement, la culture, les loisirs, etc. Leur méthode de travail ? Elle repose sur cinquante règles d’écriture et de mise en page : police d’écriture, tailles des caractères, codes « couleur » pour repérer les informations principales et les mots les plus importants (la nappe phréatique, par exemple), etc. « Ensuite, reprend Émilie Beele, nous avons tout réécrit, travaillé sur des illustrations (photos et pictogrammes) et un groupe de relecture a vérifié l’accessibilité des informations. » L’ultime étape avant la validation finale du contenu et l’obtention du label « FALC », qui apparaît désormais sur le site de l’Eau du Dunkerquois.
Comme le rappelle Fabrice Mazouni, directeur du syndicat présidé par Bertrand Ringot, la démarche « FALC » fait écho à une directive européenne de 2016, qui oblige les services publics à rendre leurs sites Internet accessibles à tous. L’Eau du Dunkerquois vient de montrer la voie. Fera-t-il des émules dans l’agglomération ?
Si d’autres pays, notamment d’Europe du Nord, sont très en avance, la France en général, et le Dunkerquois en particulier, ne sont, à l’inverse, pas très en avance. Une exception, toutefois : désireuse d’obtenir le label « Destination pour tous », qui permet de valoriser un territoire proposant une offre touristique accessible à tous, la communauté urbaine de Dunkerque vient de solliciter l’ESAT de Téteghem pour rédiger une version « FALC » du dossier. « Avec toutes les collectivités que l’on y trouve, ses services publics, et même, ses entreprises, il y a de la matière pour très longtemps dans le Dunkerquois », résume Bertrand Ringot, président du Syndicat de l’Eau du Dunkerquois. Le message est passé.